Tensions sur le papier de la rentrée littéraire

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Tensions sur le papier de la rentrée littéraire

Le stock de papier dans une grande imprimerie.

Par effet boomerang, la géopolitique industrielle se mêle de ­littérature. Non pas en tant que lancinant sujet de romans à la rentrée, mais en influençant directement le prix du papier, la matière première du livre. Depuis janvier 2021, ces coûts, qui partaient d’un étiage très bas, se sont envolés. « En trente ans, on n’avait jamais vu une hausse de cette amplitude en si peu de temps, avec un quasi-doublement des tarifs », assure Guillaume ­Lejeune, président de Culture Papier, l’association qui regroupe les acteurs de la filière graphique.

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Pour Paul-Antoine Lacour, délégué général de l’Union française des industries des cartons, papiers et celluloses, cette flambée est due à « une coïncidence de plusieurs facteurs ». La loi de l’offre et de la demande tout d’abord. La production de papiers graphiques à l’échelle européenne s’effondre lentement mais sûrement depuis une vingtaine d’années. « La conversion au tout-numérique du courrier, de la presse ou de la publicité, par exemple, a forcé les usines à réduire leurs capacités de production, voire à fermer ou à se reconvertir dans le carton, dont la ­demande explose grâce aux ventes en ­ligne et au verdissement des emballages alimentaires », souligne-t-il. Un phénomène préoccupant pour Guillaume Lejeune : « Depuis 2008, dit-il, 45 % de la production papetière en Europe s’est arrêtée ou transformée pour faire du carton. » Au risque donc de devenir sous-capacitaire.

Une industrie très énergivore

A cet état de fait s’ajoute une hausse mondiale des coûts de production de la pâte à papier, aussi bien en Chine, aux Etats-Unis, en Scandinavie, en Allemagne, qu’au Brésil ou au Chili. Les coûts de cette industrie très énergivore – pour évaporer 95 % d’eau – sont directement corrélés aux prix du gaz et de l’électricité, qui flambent depuis le début de la guerre en Ukraine. De plus, la hausse, là encore vertigineuse, des coûts des transports maritimes, très utilisés dans l’industrie papetière, affecte le secteur.

Si bien que les prix du papier, traditionnellement révisés deux fois par an, le sont désormais tous les mois. « On subit des augmentations entre la commande et la livraison », souligne Pascal Lenoir, directeur de la production du groupe ­Madrigall. Chez Gallimard, sa principale filiale, le prix du papier a grimpé de 20 % rien que depuis janvier, dit-il. « On s’approche du pic, si on ne l’a pas atteint », espère toutefois Guillaume Lejeune.

Du jamais-vu en tout cas. « Le couteau a changé de mains et ce sont les fournisseurs qui étranglent les clients », admet Pascal Lenoir, également président de la commission environnement et fabri­cation du Syndicat national de l’édition. Les problèmes d’approvisionnement et l’allongement des délais de livraison compliquent encore les choses. Même s’ils se résorbent quelque peu depuis que la grève de quatre mois, qui paralysait cinq usines du groupe finlandais UPM, a été levée fin avril. Toutefois, les imprimeurs sont eux aussi confrontés à des difficultés d’approvisionnement en encre, en colle et même en plaques offset.

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